Se soigner avec les produits de la ruche
- Nadia Buguet
- 13 déc. 2018
- 6 min de lecture

Si le miel est actuellement très utilisé pour son pouvoir sucrant ou édulcorant dans les préparations culinaires ou dans les tisanes, il recèle de bienfaits reconnus depuis l’Antiquité, où l’on retrouve des traces de son utilisation thérapeutique chez de nombreux médecins et apothicaires : Hippocrate, Dioscoride, Avicenne ou encore Hildegarde de Bingen, en font usage dans leurs préparations (hydromel, oxymel, mellite…).
Il possède des vertus dynamogéniques (idéales pour les sportifs ou pour les personnes âgées), des vertus apéritives (développe l’appétence), des vertus laxatives (facilitant le transit), des vertus émollientes et adoucissantes (qui agiront en synergie avec d’autres composants dans les préparations antitussives), des vertus antibactériennes (intéressantes notamment dans le traitement des ulcères gastriques ou dans la réalisation de pansement en milieu hospitalier, d’autant que le miel est doté de vertus cicatrisantes…).
A cette énonciation, le miel apparaît comme un produit miraculeux. Elaboré dans une chaîne complexe par les abeilles (Apis mellifica), il résulte d’allers et retours d’ingurgitation et de régurgitation, et voyage de jabot en jabot, de la butineuse aux ouvrières afin de l’appauvrir en eau, de pré digérer les sucres complexes pour les transformer en sucres simples glucose/fructose. Durant ces allers-retours que l’on nomme trophallaxie, la substance initiale (nectar et/ou miellat) est enrichie d’enzyme (glucose oxydase). Sous son action, le miel se transforme en acide gluconique et libère du peroxyde d’hydrogène…mieux connu en solution aqueuse sous le nom d’eau oxygénée. La préparation ainsi épaissie sera déposée pour mûrissement dans les alvéoles et servira de nourriture à la ruche durant la saison hivernale. Ce produit complexe, à la fois animal et végétal contient également des vitamines de B1 à B9 et une matière minérale (potassium, sodium, calcium, magnésium, etc.) qui dépend du sol dans laquelle la plante butinée a poussé. Le nectar de la fleur contient des levures qui favorisent la fermentation, des facteurs antibiotiques, des protéines…
On le comprend aisément l’espèce de l’abeille mais aussi la nature même de la plante butinée, influent sur les qualités du miel. Certaines plantes, Rhododendrons ou Azalées, produiront des miels toxiques pour l’homme sans que l’abeille ne soit affectée.
A contrario, une plante connue pour ses vertus thérapeutiques, transmettra ses qualités au miel. Les composés de la plantes (ses huiles essentielles) sont présentes dans le miel, et on retrouvera les vertus indiquées en phytothérapie, aromathérapie, dans l’apithérapie (qui propose essentiellement des synergies) : les applications sont multiples, pour donner quelques exemples, le miel de thym (comme la plante et l’huile essentielle HE de Thym sera utile pour lutter contre les maladies infectieuses), le miel de framboisier sera préconisé dans le traitement de laryngites ou pharyngites (tout comme la tisane de framboisier), le miel d’eucalyptus (pour les toux et les bronchites), etc.
Le mécanisme est similaire à celui de l’homéopathie : le miel « enregistre » les qualités intrinsèques de la plante butinée. Sur ce principe se sont développés des produits « dérivés » comme les élixirs de la ruche (fabriqués par la société Ballot-Flurin) ; il s’agit de hautes dilutions aqueuses dynamisées de matières apicoles. La méthode est similaire aux Fleurs de Bach et comme ces dernières, les élixirs vont agir sur la sphère psycho-émotionnelle (résolution de conflits, vie affective, communication, joie de vivre, épanouissement personnel, intuition, avenir).
Si le miel reste le produit phare de la ruche, d’autres produits comme la propolis ont fait leur apparition plus récemment. La propolis (du grec ancien « entrée d’une ville » ou « devant la cité ») est une matière résineuse récoltée sur les plantes qui sert à la fois de mortier pour calfeutrer la ruche et d’agent anti-infectieux pour assainir la ruche. L’abeille enrichit la propolis de ses propres sécrétions (cire et enzymes) mais aussi de pollen pour former une sorte de mastic. Récoltées sur les bourgeons et écorces (de pins, de sapins, d’épicéas ou encore sur les bourgeons de saules, de peupliers, de marronniers d’Inde, de bouleaux, de pruniers, de chênes, de frênes ou encore d’ormes), la propolis conserve elle-aussi les qualités de l’essence d’origine. Elle est riche en composés phénoliques et terpéniques que l’on retrouve dans les huiles essentielles, et des flavonoïdes antioxydants : sa composition confère à la propolis des propriétés antifongiques, antibactériennes et antivirales. Cette résine a depuis toujours été utilisée pour lutter contre la putréfaction (momification en Egypte) ou pour soigner les plaies suppurantes chez les Grecs ou les Romains. Aujourd’hui, on la considère comme un antibiotique naturel très intéressant en complément des traitements traditionnels. Son efficacité a par ailleurs été démontrée sur les bactéries de type : staphylococus, streptococus, bacillus, E.coli, pseudomonas, mycobacterium, helicobacter pylori, etc. et sur les champignons type candida albicans. On lui prête même des vertus anti-carcinogéniques (cancer de la peau). Son action est de stimuler le système immunitaire pour toutes les affections ORL ou pulmonaires, mais aussi pour les petits problèmes buccaux (aphtes, gingivite, etc.) ou les mycoses. On la trouve désormais sous différentes formes galéniques qui facilitent son usage (sirops, morceaux à mâcher, extrait aqueux, spray, collutoire, élixirs, etc.).
Le pollen, issu de l’étamine des fleurs, est un produit intéressant : récoltés sur les pattes postérieures humidifiées par le nectar, le pollen s’y agglomère en petites pelotes (chacune de 20mg contient 3 à 4 millions de grains de pollen). Ces pelotes seront ensuite mélangées au miel puis stockées dans des alvéoles où elles vont fermenter. Il s’agit du « pain des abeilles » car il est la principale source de protéines pour les abeilles (butineuses) mais surtout pour les jeunes larves. Le pollen récolté est le pollen entomophile (différent du pollen anémophile responsable des allergies). Très riche en acides aminés (il contient tous les acides aminés indispensables à notre organisme), le pollen va stimuler la production de globules blancs et rouges : il sera autant préconisé en cas de convalescence, de traitements anti-cancéreux, de sport intensifs, de stérilité, de prostatite, de revitalisation, de déprime, etc. Certains pollens ont là encore des applications spécifiques (exemple pollen de bruyère pour la sphère circulatoire).
La gelée royale ou « lait des abeilles » ou « caviar de la ruche » est destinée aux larves et à la reine. Son usage remonte à la Chine antique qui en consommait pour leur longévité et leur vigueur sexuelle.

La gelée royale est une sécrétion du système glandulaire céphalique de la jeune abeille ouvrière. Elle est donc produite en permanence et les apiculteurs la récolte tous les deux jours en désoperculant certains alvéoles. Riche en vitamines du groupe B et en protéines, elle sera intéressante pour son action sur la sphère osseuse, rénale ; elle soutiendra l’effort physique et intellectuel, et préserve les organes du vieillissement. Elle contient des hormones qui permettent de tonifier l’appareil génital féminin et masculin (ménopause, andropause, fertilité, équilibre hormonal, etc.). A ce titre, elle est déconseillée dans les cancers hormono-dépendants. Elle est également antivirale, antifongique, immunostimulante et antibactérienne.
La cire est sécrétée par les abeilles : elle sera intéressante pour les usages à destination de derme (eczéma) car elle contient des corps gras (esters), des hydrocarbures saturés (apaisants et anti-inflammatoires) et de la vitamine A (régénérante).
Enfin, le venin d’abeille prélevé au niveau de l’abdomen au niveau de l’aiguillon : son usage à des fins thérapeutique remonte à l’antiquité, Hippocrate le préconisant déjà dans le traitement d l’arthrite. On le trouvait principalement sous forme d’onguents. Actuellement des recherches autour de la mélittine (protéine) sont réalisées pour bloquer la multiplication des cellules cancéreuses. Son action bénéfique, grâce à la phospholipase, est par ailleurs prouvée sur les inflammations d’articulation, scléroses, rhumatismes, tendinites, psoriasis, eczéma, régulation cardiaque, hypertension, etc.
C’est précisément avec les produits issus du venin que l’on rencontre le plus de contre-indications (personnes allergiques aux piqûres évidemment, cardiopathie, diabète insulino-dépendant, insuffisance rénale, glaucome, chimiothérapie, psychose, dépressions, femmes enceintes enfants moins de 12 ans, etc.). Pour les autres produits, les contre-indications sont moindres et l’innocuité est quasi absolue : On retiendra toutefois d’éviter le miel pour les diabétiques insulino-dépendant, pour les nourrissons (en raison du risque botulique) et en cas de calculs rénaux, d’hypothyroïdie non traitée, d’un excès de triglycérides ou de quelques rares allergies. Le pollen sera utilisé seulement à partir de 6 mois.
Petit condensé des vertus des différents produits de la ruche

Petit conseil Naturo:
En période hivernale, en prévention et protection des voies respiratoires, on peut utiliser une synergie d'huiles essentielles et de miel. On pourra par exemple prendre 3 gouttes d'HE de citron bio dans une cuillère à café de miel de sapin...On recommande aussi le pollen de ciste pour stimuler les défenses immunitaires.
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